3.30.2010

L'enjeu à l'antenne



Les premiers mois de 2010 ont été secouées un peu partout sur notre planète tourmentée par une déflagration de séismes aux plans physique, idéologique, politique et le tout, récemment couronné aussi sur le terrain religieux. On a pu entendre craquer les structures du vieux monde et bourgeonner de nombreux palliatifs moreaux, eux aussi nouveaux. Mais sont-ils susceptibles de transformer la réalité?

L´univers de la télévision déroute particulièrement car, justement, elle trouble actuellement la distinction entre « invisibilité » et « convenance ». Sur cette projection, côté « Prévention du Cancer » puisque c´est le coeur de cet article, nous sommes au royaume de la tragédie. On lui raprochera tantôt sa désinvolture, tantôt sa gravité. Mais n´allons pas croire qu´il suffirait de traité le grave avec légèreté et ce qui est léger nécessite l´attention la plus grave.. C´est un peu plus compliqué. Atteindre le (télé)spectateur tient à une recherche constante de la « médiation ». Le lecteur va penser que je prône l´objectivité télévisuelle plier aux exigences du public, mais en vérité, là aussi méfiante, je rejette la soi-disante « bourgeoisie lyrique » dans le rôle de prévention. Tout au contraire, la prévention, en télévision, c´est une traversée redoutable des faiblesses portée à l´encontre de l´inconfort. C´est à nous de débusquer, sans scrupules, la vérité sous le manteau des « apparences ». C´est à travers l´invisibilité de la mise en scène mensongère exhibant l´hypocrisie que désormais la caméra décèle (et méprise) nettement le mieux ce processus préventif sur le petit écran!

Si violents soient ses tournages, si crues et atroces, l´atteinte pictural garde toujours une distance sensible par rapport à cette barbarie (...). Il ne s´agit pas de faire un panorama sociologique de la maladie (cancer), mais de constater que dans les lieux médicaux et para-médicaux, la représentation n´existe pas! La speakerine de la TV vous regarde dans le blanc des yeux et la technique de base à la radio consiste à bafouiller et/ou à improviser, pour vous rendre copain de l´émission (quelquer fois littéralement ridicule) que vous « avalez » spontanément sous une schématisation manipulatoire. La fiction y retrouve son compte. Comblé de ce côté-ci, clôt fugitivement, le spectateur est prêt à tout accepter des caprices (justifiés) d´une quelconque trame fictionnelle, contre tout autre modalité gênante, emotionnellement immaîtrisable et inquétantes.

Nous avons tous notre côté humain, ou du moins, nous sommes tous persuadés d´en avoir un (?). C´est la plus simple définition, qui peut, l´offrant à autrui, communiquer et/ou exprimer ses émotions. Mais la société, que fait-elle de cette fragilité?! Comment se sert-elle de son humanité, ou au contraire, comment s´y prend-elle pour s´en débarrasser? Comment se fait-il que, depuis quelques décennies, elle semble vouloir la maltraiter toujours plus? En somme, aujourd´hui, c´est donc le sort d´une humanité patchwork esthético-critique qui est en cause. Parce que son statut esthétique, nul domaine où cela soit plus évident que dans la publicité, qui a profondément transformé ses stratégies depuis la fin du XIXª siècle, fonde - empoisonne - délibérément son typage sur le besoin d´enjeu illusoire obsessionnel. Or, le sentiment du temps à lui aussi beaucoup changé. Le rythme des actes de la vie quotidienne s´est autant accéléré depuis deux ou trois décennies que durant toute l´histoire de l´humanité auparavant. Autrement dit, l´expressivité de l´idéologie humaniste ne serait plus reconnue que dans un discours hollywoodien, celui du commerce, qui sait l´utiliser, qui sait au besoin la produire, mais qui ne sait la justifier. Malheureusement, il faut reconnaître que, trop souvent, les metteur en scène sont amenés à faire des concessions à la production, parce que le «système» a une certaine structure adaptée aux films commerciaux (publicité, distribuition).

Dans cet espace paradoxal, certaines formes sont, plus que d´autres, adaptées à la survie. Le documentaire télévisé (ou quelquer minutes de pub) n´est plus modelé de la même façon qu´à l´époque, il n´en reste pas moins « filmique », produit par le même désir de s´égaler au temps. Aussi bien, l´écrasement du sens du « temps » par son infini découpage et son incessant modelage, n´est si terrible que parce qu´il veut dire aussi, forcément, une perte du sens de la mort. « Mort », seule certitude, au fondament des sociétés humaines sans exception. Matériellement, puisqu´elle m´échape dans la surmédicalisation, dont le refus de l´euthanasie n´est que conséquence la plus extrême. « Extrême » limite du supportable. Serait-elle seulement une vague caricature du souffle aventureux qui enthousiasme l´audace d´une prévention (du cancer) frontal et écrasante?! Un « témoignage » mise en corps par de nombreux artistes (portugais), atteints, mettant en évidence les mécanismes de la maladie.
Une sorte de « music-hall d´avant-garde », sous la précieuse étincelle de la Ligue Portugaise Contre le Cancer (LPCC) et l´Institut Portugais d´Oncologie (IPO) de Lisbonne, me paraissant particulièrement intéressant qui expose, à travers un certain nombre de points précis tout au long de cette année (2010), un inépuisable potentiel interdisciplinaire sur lequel les quelques minutes extra-verbaux, ici au Portugal, occuperaient toute programmation à l´antenne.



Laetitea